dimanche 10 juin 2007

On ne se rend pas compte à côté de quoi on peut passer quand on est un peu trop con .


NICO "CHELSEA GIRL"

Voilà , j'avais prévu de ne rien écrire en attendant la sortie du nouveau rouleau compresseur de Queens of the stone age dans les bacs demain. Seulement voilà , il est des coups de foudre auxquels on ne résiste pas, et à la faveur de ce dimanche après-midi oisif où je termine d'écouter les quelques vinyles achetés dans une récente bourse aux disques, je viens de m'en ramasser un beau.

Comme beaucoup je ne voyais (jusqu'il y a un quart d'heure c'est vous dire... ) en Nico que la blondasse parachutée par Warhol le temps d'un album du Velvet, ex-mannequin pas vraiment chanteuse façon potiche à qui on dit " tiens toi là, souris , chante ça, sois belle, tourne ta tête pour la photo et ... shut up". Attention, je ne dis pas que les titres qu'elle chante avec le Velvet ne sont pas extraordinaires, je pense juste que ça présence n'y est pas vraiment pour grand chose . Cependant je savais que, outre un moutard avec Delon et une chute de vélo à Ibiza la propulsant au premiers rangs des décès les plus débiles de l'histoire de la musique populaire moderne, Nico avait poursuivi une carrière solo dont "Chelsea Girl" était un des sommets.... à neuf euros la galette on va pas se priver d'être un peu curieux.

Nico n'est qu'une interprète sur ce premier album, c'est-à-dire qu'il y a derrière elle quelques bonnes fées pour lui composer des morceaux, mais celles qui se sont penchées sur cette album ne sont pas des petites joueuses puisqu'il s'agit, excusez du peu,de Lou Reed, John Cale, Jackson Brown, Tim Hardin et Dylan. Sorti en 67, autant le dire de suite, cet album met la barre très très haut.
Tout d'abord parce que les chansons sont de sublimes petites pépites folk libres de forme, diablement bien goupillées et arrangées malgré une relative économie de moyens ( une guitare, des cordes, quelques claviers, une flûte et basta.), chacune ayant l'arrière goût de son géniteur, tantôt très pop ( "Somewhere there's a feather" "I'll Keep it with mine" ) tantôt vraiment barré ( "It was a pleasure then " ).

Mais si ce "Chelsea Girl" est une véritable tarte, c'est justement parce qu'il affranchit Nico de son statut de faire-valoir. J'y ai découvert une vraie interprète donnant un âme à chaque titre et capable d'une finesse musicale remarquable. Et puis il y a cette voix, sombre, presque gutturale à l' accent allemand prononcé, qui incante plus qu'elle ne chante et qui,si elle faisait un peu tache sur le Velvet, prend ici toute son ampleur. Petit à petit, on réalise que certes, Nico n'a pas l'oreille du siècle mais qu'elle s'approprie les mélodies et le texte, et les embrasse comme un seul et même discours où le son des mots à autant d'importance que la ligne mélodique qui les porte.

Bref "Chelsea Girl" vient de m'ouvrir une fenêtre sur le monde d'une artiste que j'avais injustement sous-estimé, par ignorance et prétention. Je viens de me faire remettre à ma place, pour mon plus grand bonheur. Je m'en vais ranger ce chef d'oeuvre auprès des ses pairs, Leonard Cohen et consorts, et écouter les suivants ça ne fait aucun doute.

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