AT THE DRIVE-IN "RELATIONSHIP OF COMMAND"
Voici déjà 7 ans que ce brûlot est sorti, dernier album d'un combo chicano qui devait de suite exploser en vol pour former The Mars Volta et Sparta. Ce n'est donc pas d'une nouveauté dont il sera question aujourd'hui , mais de la redécouverte de cet galette flamboyante, qui n'a pas pris une ride.
Signé chez feu le label des Beastie Boys, Grand Royal , "Relationship of command" un disque sur le fil du rasoir, en constante tension, violent et âpre, empruntant tour à tour au rock, post-rock, punk et hardcore, et combinant à la fois puissance brute et mélodies en dedans. Un coktail d'influences molotov, qui met le feu à un album sans temps mort, épileptique et magistralement efficace. Inutile donc de préciser que les afficionados de la tendresse peuvent aller se faire cuire un oeuf.
Sur "Relationship of commamnd", tout est en effet fait pour caresser nos esgourdes à grand coup de matraque.
Les morceaux sont alambiqués ("Invalid litter dept."), à la poubelle couplet/refrain, les harmonies brouillones et décharnées, et quand la guitare d'Omar Rodriguez s'adoucit un peu , ses mélodies sont si inattendues qu'il est déjà trop tard pour s'en rendre compte , la bataille a déjà repris ! La section rythmique est impressionnante de punch et constitue réellement l'épine dorsale d'At the drive-in.
La voix de Cedric Bixter oscille constamment entre cri et chant au placé, scansion hurlée ( qui n'est pas sans rappeler Rage Against the Machine ) et refrains vociférés. Cette voix est sans conteste un des piliers d'At the Drive-In , insuflant du relief en saignant à blanc les passages chargés d'émotion ( "One armed scissor", "Pattern against user" ) et dynamitant les plus enragés ("Arcarsenal", "Non-zero possibility"), soutenue régulièrement par des choeurs à la puissance de feu hallucinante.
Pourtant , j'en vois déjà qui se disent "beur beurk ça à l'air d'être de la gueulerie", je n'aime pas le bruit gratuit , je n'aime pas ce groupes de hardcore qui veulent jouer plus vite et plus fort que tout le monde, et encore moins ces groupes de punk d'opérette percés chez Auchan. Mais on est ici à des années lumières de ces excès, chaque titre possède un charme vénéneux auquel il est impossible de ne pas succomber et repose sur une intelligence musicale proprement hallucinante. Certes, cette beauté rugueuse ne se dévoile pas de prime abord , mais son emprise mérite largement d'appuyer sur replay.
Aucun groupe n'a, à mon sens, jamais atteint depuis ce degré de maîtrise et d'originalité en dansant sur les vieux os du punk et de la new wave.