jeudi 30 septembre 2010

Guerre et Pétrole ( Collateral Damage )

Je le savais. Je le savais qu'un jour grisâtre et pluvieux, par désoeuvrement, ou par vanité toute personnelle, je viendrai réanimer ce blog qui pourrit gentiment depuis 2007.

De nombreuses fois, j'avais déjà failli remettre le couvert de ces chroniques nostalgiques de cette époque où journaleux lycéen ( non on ne disait pas geek en ce temps là ) je balançais à la face du monde ( c'est-à-dire trois lecteurs et demi ) ma subjectivité musicale teintée de mauvaise foi.

Le défibrillateur a balancé sa décharge il y a approximativement vingt minutes.
Première charge ici : http://recordsarebetterthanpeople.tumblr.com/page/2

On dégage, on recharge et deuxième choc ici : http://thisisthemodernworld.tumblr.com/#1215229586

Le cadavre souffle de nouveau, le mort retâte du clavier.


Black Mountain "Wilderness heart"




J'ai découvert, comme pas mal d'auditeurs plus ou moins moyens, les poilus de Black Mountain avec "In the Future".
Sur le papier, une galette de plus qui n'aurait jamais dû passer le pas de ma porte.
Artwork digne de Marillion ou d'une autre bande de tâcherons progressifs douteux ( à moins que ce ne soit la couv' d'un énième torchon SF de gare de campagne ), formats longs, son seventies, débauche d'orgue, une forte tendance à répéter les même motifs à trois notes pendant des plombes parce que "tu comprends, c'est hypnotique mec".
Pourtant le popeux de bas étage que je suis allait prendre une tarte, terrassé par la puissance folle de ces 50 minutes de rock 70's qui tâche, envoûté par le charme terrible de ces deux voix et de cette prod impeccable.

Il en va de la musique comme du pinard et d'un paquet de trucs dans ce bas monde, il ne faut jamais se fier à l'attaque en bouche.
J'ai beaucoup écouté "In the future", peut-être même un peu trop, et mon enthousiasme initial s'est évanoui. Le vinyle s'est retrouvé à prendre la poussière sur les étagères.
Trop de longueurs, trop de plans hard rockeux qui ne changent de tee-shirt que tous les 6 mois ( le pont interminable de "Tyrants".... ), trop de synthés stériles ( "Wucan" et son arpégiator proche de la caricature ) , trop de passages psychés insupportables sans une dose conséquente de stupéfiants dans les neurones et le raisiné.

Au final, alors que je réécoute cet album pour la première fois depuis un bail pour assurer la complète mauvaise foi de cette chronique, je me rends copmpte qu'"In the Future" reste un bel album, un chouette tour de Deloreane direction 1974, mais bien trop indigeste pour quelqu'un qui déteste les chemises à fleurs, les pantalons pattes d'eph, a toujours fait l'impasse sur Deep Purple, Led Zeppelin, Yes et leurs cohortes de dévaleurs de manches hirsutes .

Mais voilà , Weezer a enfin pondu une vrai bouse, un véritable raté, un disque aussi hideux dans son contenu que son contenant.
Du coup chez le disquaire hier, sous l'effet d'une nouvelle bouffée incontrôlable de thérapie carte bleue, il m'a fallu choisir et troquer le carnage californien pour le grand blanc du Canada.

De retour à la baraque, je mets ce "Wilderness Heart" sur la platine, et dès le premier titre ( cette tuerie de "The Hair song" ) c'est de nouveau la baffe.
Qu'on soit bien d'accord, il y a claque et claque. Là où celle d'"In the future" vous caressait gentiment la joue avec deux phalanges, "Wilderness Heart" vous démonte le maxillaire inférieur avec un poing américain.

Premier point fort, Black Mountain écrit enfin des morceaux, des vrais, avec une structure, un beau travail mélodique et harmonique ( "The hair song" et "Rollercoaster" bordel !!!!! ), frappe fort et juste. Certes, ils retombent parfois dans les vieilles ornières ( les nappes de "Radiant Hearts" ternissent un sacré bijou, le pont de "Wilderness Heart" montre quand même qu'on ne se refait pas hein... ) mais pour en ressortir aussi vite, quand "In the future" s'y embourbait trop souvent.
Les formats ont logiquement subi la même cure d'amincissement, exit les passages interminables qui devaient avoir de la gueule en live mais vous donnaient une envie pressante de changer de sillon sur disque. Le rock a pris le dessus sur le prog, on sent poindre une pointe de pop dans tout ça, et moi je suis carrément aux anges.
Idem sur la gestion des voix, fini le ping pong prévisible d'"In the Future", genre papa poilu quand ça tabasse et maman patchouli pour les passages aériens, on assiste quand même à un vrai boulot à deux voix, qui vaut son pesant d'or surtout quand madame se fâche sur "Let Spirit Ride", qui, comme je le soulignais hier au taulier partiel de Garageland, doit bien être le meilleur morceau de hard rock que j'ai entendu depuis un paquet de temps.
Pour finir, même si la prod d'"In the future" était déjà impressionnante celle de "Wilderness heart" fait l"impasse sur le son plus gras que gras et devient bien plus tendue et hargneuse, mortellement efficace.

En clair, et je me plante peut-être ( ça m'arrive d'ailleurs bien trop souvent ) , mais on est en face d'une sacrée galette, joliment ficelée, catchy sans être putassière ( "The Way to Gone" ), chauffée à blanc et qui montre les crocs. "In the future" était un bulldozer poussif, "Wilderness Heart" une foutue muscle car, le premier une baleine, le second une saloperie de grand blanc affamé. Et en prime, j'oubliais, l'artwork tabasse.

Quant à moi, je ne sais pas si ce blog vient de réouvrir ses portes, je ne sais pas si j'aurai l'envie, le temps, ou les deux, de lui remettre un peu de barbaque dans l'assiette, je ne sais même pas si ce point final est un nouveau coma ou le premier soubresaut d'un énième réveil.