jeudi 28 juin 2007

C'est pas si compliqué

ART BRUT "IT'S A BIT COMPLICATED"

Je pensais que le mois de juin serait calme, que j’allais carrément pouvoir cultiver mon poil dans la main en attendant les beaux jours compte tenu du peu de sorties vraiment intéressantes ces dernières semaines. Et bien non lecteur (euse), deux fois non, je ne te laisserai pas partir te dorer la pilule en te laissant passer à côté du nouvel album d’Art Brut.

Deuxième essai donc pour ces dégénérés grand-britons avec « It’s a bit complicated », successeur du terrible « Bang bang rock n’roll ».
Et qu’est-ce qu’on a coutume de dire sur les secondes galettes ? Je vois à vos mines déconfites qu’après six mois d’activité de ce blog, j’aurai peut-être mieux fait d’aller pisser dans un violon ( ce qui ne m’aurait pas déplu croyez-moi ! ). Je reprends donc pour la majorité qui bien sûr n’a rien suivi, on a coutume de dire disais-je que le virage du deuxième album n’est pas toujours le plus simple à négocier. Trêve de suspense, disons d’emblée qu’Art Brut s’en sort haut la main.

Au menu, toujours la même sauce rock’n roll punkesque, saupoudrée d’un zest de second degré, pour faire simple, on prend les mêmes et on recommence. Art Brut ne nous fait pas le coup de l’album plus mature ou plus aventureux, ne se met pas à l’électro avant-gardiste, mais continue sur sa lancée, ce qui est probablement la meilleure chose que les affreux pouvaient faire.
En effet, on n’écoute pas Art Brut pour son intérêt philosophico-sociétal, ni pour sa contribution active à l’évolution de la musique sérielle. Art Brut est un groupe délicieusement rétrograde, rentre-dedans et branleur à souhait à l’image de son pseudo chanteur Eddie Argos, en somme un vrai groupe de rock qui ne cherche pas à flatuler plus haut que son fondement.
C’est donc avec ce bon arrière-goût de Kro-cendrier-foire et un sourire un peu béat que j’accueille ces onze nouveaux titres.

Premier constat, le son du disque est assez proche des prestations live, un peu cracra mais pas trop,le mix est vraiment réussi, et le tout a carrément la grosse pêche, c’est déjà ça.

Côté morceaux Art Brut confirme ce qu’on avait entrevu sur « Bang Bang… » , à savoir que ces zicos sont nettement moins manchots qu’ils en ont l’air. Les compos sont vraiment très bien gaulées, jamais linéaires, les mélodies et les riffs sont aussi accrocheurs que déconcertants, et tout l’album s’enchaîne pied dedans, sans un temps mort.

Venons-en au problème Argos, frontman d’Art Brut, auquel il faut vraiment se faire. Frontman, car en fait Art Brut n’a pas de chanteur, puisqu’Argos ne chante pas … il parle. Non il ne rap pas, il cause. Cela désorientera certains d’entre vous ( les fans de Céline Dion notamment mais je jure que si j’en chope un ici il va avoir intérêt à virer sa cuti rapido ), mais comme je disais, croyez-moi on s’y fait.
On s’y fait déjà parce que le gugus est carrément malin et qu’il sait mener son discours et l’adapter à chaque titre, créant une sorte de scansion vraiment sympatoche et qui, associée à cet accent so british, fait à elle seule la singularité d’Art Brut.
On s’y fait aussi parce qu’il y a des textes ( pour les non anglophones ou les brebis galeuses, ils sont dans la jaquette, ça aide ! ) bien goupillés, hilarants, cyniques et qui par dessus le marché donnent des réponses essentielles aux interrogations majeures de notre époque comme : « Comment emmerder sa copine quand elle veut dormir alors qu’il y aurait mieux à faire » ou bien « Combien de temps faut-il se biturer avant de se remettre d’une rupture », par exemple.

En fait ce deuxième album ne révèle pas qu’Art Brut est un très bon groupe, ceux qui les ont vus où entendus sur la dernière tournée le savaient déjà, mais que c’est un groupe bien plus intelligent qu’on le croyais, une vraie bande de musiciens malins et modestes qui ne font rien de plus que ce qu’il savent faire : du rock gouailleur et pêchu sans prétentions aucunes.
A l’heure où tout se doit d’avoir un fond, un second sens, où tout artiste n’est jugé qu’à l’aulne de ses problèmes psychatriques ou de sa petite enfance, où il vaut mieux avoir l’air renfrogné et autiste pour faire croire qu’on est créatif, Art Brut est une véritable bouffée d’air frais. « Punk rock ist nicht tot » qu’on se le dise.

samedi 23 juin 2007

Habité


ELVIS PERKINS "ASH WEDNESDAY"

On a beau dire , y'a des gens à qui la vie ne fait pas de cadeaux, ou presque. Elvis Perkins est de ceux-là, papa Perkins ne se remettant que difficilement d'avoir empaillé sa grand-mère dans "Psychose" avant de mourir du sida en 1992, et maman ayant la mauvaise idée de prendre un boeing le 11 septembre 2001.
Autant dire qu'on a pas vraiment à faire à un des ses nombreux "fils et filles de" qui pullulent depuis des années, nous faisant croire qu'il suffirait d'un ovule ou d'un spermatozoïde de star, les deux étant l'idéal, pour accoucher d'un génie, que la fibre artistique est en quelque sorte héréditaire... Surtout que pour ne rien faire comme tout ces rejetons de célébrités, Elvis Perkins est bon, très bon.

"Ash Wednesday" sont premier album s'impose d'emblée comme une des meilleures surprises doublée d'un des plus vibrant essai folk de ces derniers mois.
Entièrement écrit et composé par lui-même, cet album est pour tout vous dire bouleversant, peuplé de titres où la simplicité n'a d'égal que la profondeur du discours, magnifiquement interprétés et habités par un Elvis Perkins dont la voix est tout bonnement à pleurer.

Côté musique pure , effectivement, pas de quoi se taper les fesses par terre, les trois ou quatre bons vieux accords suffisent à rendre une palette de jeu et d'émotion remarquable. Les titres semblent bien plus calés sur les textes que sur une forme pré-définie, passant de la mélopée répétitive aux breaks qui tuent. L'instrumentation est elle aussi toute simple, guitare, contrebasse, batterie, claviers et s'enrichit régulièrement de quelques touches bien senties ( trompette , scie musicale, cordes, choeur féminins ), le tout parvenant à une cohésion indéniable.

Et puis il y a la voix d'Elvis, mais non pas celle du crooner boulimique à rouflaquettes ex roi du rock'n roll, non, la voix de ce petit Elvis, un peu nasillarde, pas forcément ni bien placée ni juste, mais tellement animée par les tourments de son propriétaire qu'elle en devient d'une beauté unique en son genre.
Et, cerise sur le gâteau, pépère Elvis l'adapte avec intelligence à chaque morceau, rappelant tantôt Van Morrison, tantôt Leonard Cohen, ou même certains chanteurs soul ( sur le déchirant "Ash Wednesday" ).

Pour tout te dire lecteur(euse), quelque part, la tragédie personnelle d'Elvis Perkins a du bon. Non, je ne suis pas en train de conseiller aux songwriter en herbe de trucider père et mère, mais voilà, la force de cet album est qu'il raconte réellement quelque chose ( qu'on soit anglophone ou non ), qu'on le sent traversé d'un souffle créatif vital, d'une envie d'exorciser je ne sais quel démon. "Ash Wednesday" n'est pas un effort musical récréatif, mais une nécessité pour son auteur, et peu de disques sont aussi précieux de nos jours.

"Noone will survive ash wednesday" pleure Elvis sur cet album.... à vrai dire , j'ai moi-même du mal à m'en remettre.

lundi 18 juin 2007

Les soirées de l'ambassadeur

THE EMBASSY "TRACKING"

Juste un coup de gueule pour commencer, en marge de ce post Voilà , qu'on arrête de nous seriner que l'industrie du disque va mal. Quand on se retrouve avec un disque au package comme celui-ci, on se dit vite fait qu'elle creuse sa tombe toute seule comme une grande. Sans déconner, je ne suis pas très regardant sur le prix d'une galette, mais y'a des limites à ne pas dépasser les bornes. Que la pochette nue et le disque couleur chrome soient un concept passe encore , mais franchement un livret façon maxi roumain d'avant la chute du mur avec une pauvre photo et trois mots, qu'on ne s'étonne pas que le gens se mette à télécharger quand l'objet disque devient si inintéressant. Mais bon , l'habit ne fait heureusement pas le moine .
Nous voici donc toi et moi lecteur (euse) en face du duo suèdois The Embassy dont je ne sais foutrement rien et dont je n'avais jamais entendu parler. Voilà , les présentations sont faites.

On le sait depuis l'avènement des Cardigans, la Suède ce n'est pas que le pays des blondasses pulpeuses à peau d'albâtre qui peuplent, messieurs, vos rêves les plus torrides. On y fait aussi de la musique et en l'occurence de la vraiment bien foutue et sacrément ambigüe.

C'est net dès la première écoute, ça sonne 80's à fond les ballons , ce qui, je l'avoue, n'est pas pour me déplaire. Débauche de boucles analogiques, synthés bien synthétiques, basse super médium et gavée d'attaque, bref on sent vibrer ici tout l'esprit dance anglaise façon Hacienda. On a même parfois l'impression d'avoir trouvé un volet perdu du "Substance" de New Order. Et il faut bien le reconnaitre, tout ça donne envie d'aller déchirer le dance floor, pour une fois qu'on à l'occasion d'y passer autre chose que de la soupe.

Vous devez être en train de vous dire que j'ai pété un plomb, que vous ne me saviez pas clubber ( rassurez-vous moi non plus ... ), bref que j'ai du changer mes céréales pour pouvoir employer le mot "dance" sans le vomir aussi sec.
Seulement voilà , oubliez vos "Technotronic" et autres "Unlimited" , car fut un temps , la dance c'était bien autre chose que 120 bpm avec une grenouille hystérique. Pour tout vous dire , la dance fréquentable on appelle ça de l'électro aujourd'hui afin de ne pas mélanger les torchons et les serviettes. Et c'est bien cette époque bénie que revisite The Embassy, en piochant tour à tour dans les Happy Mondays, les Stone Roses, New Order et autres.

Car le miracle ici c'est que "Tracking" n'est pas un album pour danseur décérébré du samedi soir. "Tracking" propose de vraies chansons, si si si, avec des textes et même un joli brin de voix. Un goût donc de la pop, sucrée à souhait, anglophile à fond, et un sens de la mélodie bien sentie, le tout parfaitement intégré à cet esprit clubbing dont nous parlions .

Un bel album donc d'électro/pop rondement mené, qui sent les nuits blanches et le soleil ( je pense déjà qu'il se pourrait bien que ça soit ma BO estivale ! ), et qui surtout joue la confusion des genres au point qu'on ne sait plus s'il faut aller voir un concert en boîte ou danser dans un pub !

En roue libre

QUEENS OF THE STONE AGE "ERA VULGARIS"

En 4 albums et un live, la bande du géant rouquemoute Josh Homme c'est définitivement imposée comme l'un des groupes de rock les plus vigoureux et les plus originaux qu'on ait connu depuis un bon moment. Après un splendide "Lullabies to Paralyse" il y a deux ans suivi d'un dvd live très réussi, revoici donc Queens of the stone age ( qotsa pour les intimes ou les connaisseurs ) avec "Era Vulgaris" sur lequel, évidemment , je me rue dès sa sortie lundi dernier, en me disant que la planète rock va encore se ramasser une secousse digne de ce nom.
L'heure de la fessée est arrivée, j'ouvre le mange-disque, pousse le volume, me cale dans mon fauteuil et c'est parti.

De prime abord, ce qotsa marque un retour au sources, au style et au son des premiers albums. Les overdrive vintage ont laissé la place à de méchante distos furibardes, et le rock down tempo bluesy s'est fait descendre de scène par un un rock n' roll tout feu tout flamme incisif et méchant. Côté écriture, on retrouve la patte Homme, harmonies dissonantes, rythmiques entêtantes martelées jusqu'à l'épuisement, voix perdues entre croonage old school et falsetto bien senti, sens indéniable du riff assassin, le tout accompagné d'une production irréprochable, d'un son énorme et très live, léché et crade à la fois. Bref à la première écoute, cet "Era Vulgaris" donne parfaitement le change.

Le problème c'est qu'on achète pas un album pour se le carrer entre les esgourdes qu'une seule et unique fois, et force est de reconnaître qu'à le deuxième et aux suivantes ce qotsa révèle petit à petit son talon d'Achile.

Le premier symptôme se cache dans le tracklisting lui-même. En effet, même si les versions proposées sont nickel, Era Vulgaris comporte deux titres " I wanna make it wit chu" et "The fun machine took a shit and died" déjà présents sur les Desert Sessions et sur le live "Over the years and through the woods". Franchement, au prix du disque, se retrouver avec seulement dix nouveautés sur douze c'est un peu abusé. Certes, "Lullabies to paralyse" avait lui aussi son titre repris des Desert Sessions, mais dans une mouture bien différente. Là globalement on nous refourgue du réchauffé, et quand on connaît le talent de Josh Homme on se dit que pépère ne se foule pas.

Ca y est le mot est lancé, en fait voilà le souci d'Era Vulgaris. Ce n'est pas , loin de là, un mauvais album, certains groupes vendraient leur âme et le reste au diable pour sortir un album au moins un quart de fois aussi bon que celui-ci, mais c'est un album qui sent le métier, la roue libre, la flemme. Ceux qui découvriront Qotsa n'y verront certes que du feu, mais les habitués eux ne pourront que remarquer le poil dans la main qui pousse au fil de ce dernier opus. Outre les deux morceaux déjà édités et cités plus haut, les trois quart des autres semblent réutiliser des recettes toutes prêtes ( "Sick Sick Sick" reprend le filon " Feel good hit summmer"... ) où avoir été pliés en deux temps trois mouvements.

Alors certes difficile de résister à l'efficacité de "Turning on the Screw" ou "3's and 7's" ou au charme sombre de "Suture up your future" ( assurément le trio de tête de de cet album ), mais quand même, l'ensemble dégage l'impression d'une complil de faces B, ou d'un disque petit bras.

Tant que la concurrence restera dans l'état où elle est , Qotsa continuera à tenir le haut du pavé même avec un album en demie teinte.
Par contre, à force d'avoir fait dans la grande, grande classe ( lecteur (euse) si tu ne possèdes pas "Songs for the Deaf" et "Lullabies to Paralyse" tu ne connais strictement rien à la vie ), Josh Homme a créer une exigence de qualité chez ses afficionados qu'il ferait bien de respecter.

dimanche 10 juin 2007

On ne se rend pas compte à côté de quoi on peut passer quand on est un peu trop con .


NICO "CHELSEA GIRL"

Voilà , j'avais prévu de ne rien écrire en attendant la sortie du nouveau rouleau compresseur de Queens of the stone age dans les bacs demain. Seulement voilà , il est des coups de foudre auxquels on ne résiste pas, et à la faveur de ce dimanche après-midi oisif où je termine d'écouter les quelques vinyles achetés dans une récente bourse aux disques, je viens de m'en ramasser un beau.

Comme beaucoup je ne voyais (jusqu'il y a un quart d'heure c'est vous dire... ) en Nico que la blondasse parachutée par Warhol le temps d'un album du Velvet, ex-mannequin pas vraiment chanteuse façon potiche à qui on dit " tiens toi là, souris , chante ça, sois belle, tourne ta tête pour la photo et ... shut up". Attention, je ne dis pas que les titres qu'elle chante avec le Velvet ne sont pas extraordinaires, je pense juste que ça présence n'y est pas vraiment pour grand chose . Cependant je savais que, outre un moutard avec Delon et une chute de vélo à Ibiza la propulsant au premiers rangs des décès les plus débiles de l'histoire de la musique populaire moderne, Nico avait poursuivi une carrière solo dont "Chelsea Girl" était un des sommets.... à neuf euros la galette on va pas se priver d'être un peu curieux.

Nico n'est qu'une interprète sur ce premier album, c'est-à-dire qu'il y a derrière elle quelques bonnes fées pour lui composer des morceaux, mais celles qui se sont penchées sur cette album ne sont pas des petites joueuses puisqu'il s'agit, excusez du peu,de Lou Reed, John Cale, Jackson Brown, Tim Hardin et Dylan. Sorti en 67, autant le dire de suite, cet album met la barre très très haut.
Tout d'abord parce que les chansons sont de sublimes petites pépites folk libres de forme, diablement bien goupillées et arrangées malgré une relative économie de moyens ( une guitare, des cordes, quelques claviers, une flûte et basta.), chacune ayant l'arrière goût de son géniteur, tantôt très pop ( "Somewhere there's a feather" "I'll Keep it with mine" ) tantôt vraiment barré ( "It was a pleasure then " ).

Mais si ce "Chelsea Girl" est une véritable tarte, c'est justement parce qu'il affranchit Nico de son statut de faire-valoir. J'y ai découvert une vraie interprète donnant un âme à chaque titre et capable d'une finesse musicale remarquable. Et puis il y a cette voix, sombre, presque gutturale à l' accent allemand prononcé, qui incante plus qu'elle ne chante et qui,si elle faisait un peu tache sur le Velvet, prend ici toute son ampleur. Petit à petit, on réalise que certes, Nico n'a pas l'oreille du siècle mais qu'elle s'approprie les mélodies et le texte, et les embrasse comme un seul et même discours où le son des mots à autant d'importance que la ligne mélodique qui les porte.

Bref "Chelsea Girl" vient de m'ouvrir une fenêtre sur le monde d'une artiste que j'avais injustement sous-estimé, par ignorance et prétention. Je viens de me faire remettre à ma place, pour mon plus grand bonheur. Je m'en vais ranger ce chef d'oeuvre auprès des ses pairs, Leonard Cohen et consorts, et écouter les suivants ça ne fait aucun doute.

lundi 4 juin 2007

Playlist du mois

Je viens de mettre à jour la playlist de la radio , avec neuf titres en rapport direct avec l'actu du moment ... ou presque !

Paul McCartney "Jenny Wren" - Extrait de "Chaos and creation in my backyard" - : 40 ans de carrière , un foultitude de titres mondialement connus , quelques fautes de goût parfois difficilement pardonnables ... et bing Macca est encore capable de pondre un bijou comme celui-là. Je me demande même si elle n'a pas détrôné Blackbird cette Jenny . Nouvel album sur une nouvelle maison disque dans les bacs cette semaine, espèrons qu'il sera du niveau du précédent.

Elliott Smith "Pretty Mary K" - Extrait de "New Moon" - : Double album posthume dans les bacs, l'occasion de découvrir un songwriter de génie , à la touche bien personnelle, injustement méconnu . Quand on sait que ce disque est composé de titres inédits ou rares, laissés de côté au moment des sessions du splendide "Either/or" ... on se dit que beaucoup de gugus vendraient leur âme à une major pour n'en composer en serait-ce qu'un dans leur petite carrière.

The Kills "Fuck the People" - Extrait de "Keep on you mean side" - : Parce que j'adore ce morceau , j'adore le titre et parce que .... j'emmerde le monde voilà .

Queens of the stone age "How to handle a rope" - Extrait de "Queens of the stone age" - : Sans conteste le meilleur groupe de rock à tendance couillu en activité, rien à dire, compos diablement intelligentes , zicos irréprochables... la classe quoi. Un vieux morceau bien rentre dedans en attendant la sortie du nouvel album "Era vulgaris" dans une semaine !

New Order feat. Billy Corgan "Turn my way" - Extrait de "Get ready" - : Pas le morceau le plus inspiré de New Order , c'est évident, mais le duo fonctionne pas mal. Tout ça pour dire que les Smashing Pumpkins ( dont Corgan est l'ex-re leader bande de nouilles ) se reforment, enfin manquent deux membres sur quatre c'est dire si l'idée a fait l'unanimité ! Méfiance donc, le concert du Grand Rex était parait-il très bon .... mais le single déjà audible sur le web pue un peu .

Joy Division "New dawn fades" - Extrait de "Unknown pleasures" - : Au rayon des chanteurs n'ayant pas atteint la trentaine, Ian Curtis est sans conteste celui qui laisse derrière lui ( ou en dessous plutôt ... oups la mauvaise blague ) l'oeuvre la plus intègre, la plus sombre et la plus passionnante. Un biopic "Control" vient d'être présenté à Cannes et semble vraiment très réussi... pourvu qu'il soit distribué correctement.

Feist "It's cool to love your family" - Extrait de "Monarch" - : C'est le nouveau Feist ? ah bah non ma brave dame c'est le tout premier ... comme quoi on a beau avoir du talent ça s'empêche pas de se répéter ....

The Zombies "I want her she wants me " - Extrait de "Odessey and Oracle" - : Dans la série des groupes s'étant péter le ratelier en ratant la dernière marche de l'histoire de la pop, voici The Zombies. Excellent groupe, tombé au mauvais endroit au mauvais moment, boudé dans son angleterre natale ... mais qui claquera quand même dans l'indifférence quasi totale , sans un kopek, et tout seul comme un grand, ce dernier album qui tient la dragée haute, excusez du peu , au "Pet Sounds" des Beach Boys... On parle encore d'une reformation, et tout le monde , malheureusement s'en balance .

The Arcade Fire "My body is a cage" - Extrait de "Neon bible" - : Magnifique deuxième album des canadiens, plus mûre que son pourtant génial prédecesseur, avec toujours cette sensation à l'écoute de n'avoir jamais été aussi heureux d'être un peu déprimé, d'avoir le spleen de bon coeur. Mon morceau favori de l'abum.... Arcade Fire sera sur scène un peu partout cet été ( à Rock en Seine entre autre... ).

lundi 21 mai 2007

Petit chef d'oeuvre entre amis


WILCO "SKY BLUE SKY"

Je ne cesse de te le répéter, lecteur (euse), la vérité est ailleurs .... que sur les ondes radio ou sur les têtes de gondole. Une seule solution donc, ce blog incontournable, ou le bouche à oreille.

Voilà donc deux petits mois, un pote me parle de Wilco, groupe de chez l'oncle sam dont le patronyme ne me dit absolument rien. Je me procure donc l'album "A ghost is born" et découvre un groupe génial et un album produit comme peu le sont aujourd'hui, un disque tout en nuances, à la frontière entre krautrock, pop et folk, tout honteux de ne pas en avoir entendu parler plus tôt. Inutile donc de vous dire qu'à l'annonce de la sortie de ce "Sky blue sky" je me suis rué chez mon disquaire préféré pour me procurer la bête.

Ces 12 nouveaux titres reprennent donc les affaires là où "A ghost is born" les avait laissé.
Le son du disque est tout bonnement incroyable. L'équilibre entre les instruments est au poil, et l'enregistrement restitue les finesses de jeu ( et le grand barbu sait qu'il y en a, mais on parlera de ça plus tard ) de chaque partie. Et puis honnêtement, à l'heure du numérique de la sodomie de mouches sur Pro tools, qu'est -ce que ça fait du bien d'entendre un son aussi live, et de sentir la complicité et la cohésion d'un groupe qui joue ensemble, quand on a trop régulièrement à faire à des millefeuilles de pistes séparées.
Hors de question donc d'écouter ça sur mp3, le cd constitue le minimum vital ( le vinyle serait idéal, mais ça a l'air d'être un peu le parcours du combattant pour en choper un, mais je ne vais pas me laisser faire ! ) pour apprécier le travail du groupe qui a lui-même produit l'album.

Mais, vous allez me dire , bande de rabat-joie, le son qui tue ça ne fait pas tout. Ô joie de vous entendre énoncer de telles remarques , preuve que malgré vos piètres dispositions initiales, vous progressez un peu .

Deuxième raison donc de se procurer d'urgence ce bout de ciel bleu, c'est que Wilco, ça joue. C'est un peu nébuleux comme formule certes, et n'allez surtout pas croire que quand je dis "ça joue" je parle de lavement de notes ou de prouesses techniques stériles. Non, "jouer" c'est avoir une technique monstrueuse mais avoir le bon goût de la mettre au service de la musique. Et ça Wilco sait faire. Les deux guitaristes sont irréprochables de complémentarité, et maître dans l'art du riff bien senti ou de la note qui tue, le batteur est discret mais garant d'un groove subtil, bref tout est très bien senti, et chacun sait prendre le devant de la scène quand il le faut ou se faire oublier au moment opportun. La voix de Jeff Tweedy, tête pensante et auteur compositeur du groupe, est à l'avenant, fragile, écorchée, à l'image du gugus, longtemps dépressif, migraineux et accro au médocs.

Rentrons ensuite dans le vif du sujet, la musique de Wilco elle-même. Difficile de ranger ces ricains dans une case bien précise ( on s'en fout un peu certes, mais si ça peut vous permettre de vous faire une idée... ) ces membres venant tous d'horizon différent, de la country, du jazz, du rockab, et la ligne esthétique du groupe ayant largement évolué au cours de ces 13 années d'existence et pris un tournant assez radical depuis "A ghost is born". Disons juste que la musique de Wilco est assez unique, traversée par les diverses influences de chacun, mais se situe quelque part entre pop folk et rock alternatif.
Autant de le dire de suite, cet album est un peu le comme le cochon, tout est bon dedans, pour ne pas dire succulent ( oui je sais c'est pas flatteur comme image ).
Chaque titre propose son propre univers, dévoilant autant de facettes du groupe, les mélodies sont sublimes ( "You are my face" "Sky blue sky"), les compositions intelligentes "Either way " "Shake it off", et chaque titre est un petit voyage à lui seul, une petite palette d'émotions et de surprises qui tient l'auditeur en haleine si bien qu'on finit l'écoute chamboulé , ému, avec autant de vague à l'âme que de sourires en coin. Un disque hallucinant de raffinement et de maîtrise, qui n'en finit pas de me ravir et de m'étonner bien que je l'écoute en boucle depuis un bout de temps. Parmi toutes ces petites pépites, mention spéciale à "Hate it here", pop song remarquable et "On and on and on" ballade crépusculaire qui termine cet album magistral.

Une disque fabuleux, un groupe incontournable et injustement méconnu.... Je sais, c'est vache de vous faire ça en fin de mois, mais franchement s'il vous reste un fond de tiroir quelque part, n'hésitez pas une seconde et ne laissez pas passer "Sky blue sky", vous ne le regretterez pas une seconde, même en bouffant des pâtes et du pain sec jusqu'au jour de paie !

lundi 14 mai 2007

Playlist

Voilà les dix titres que vous pourrez trouver sur la toute nouvelle radio de ce vénérable blog. Au menu donc :

Amy Winehouse "Tears dry on their own" extrait de l'album "Back to black"- Je suis toujours méfiant à l'égard des nanas parachutées "nouvelle révélation soul", souvent ça sent le tiroir caisse à cent mètres. Mais là respect, la voix d'Amy n'est pas réellement belle, mais diablement expressive, les arrangements sont très old school et sonnent franchement bien... de la véritable soul musique en somme.

Arctic Monkeys "Brianstorm" et "Do me a favour" extraits de l'album "Favorite worst nightmare" - Deuxième album splendide de maîtrise pour les gosses d'Arctic Monkeys, les morceaux tiennent vraiment la route, le jeu instrumental s'étoffe, les mélodies s'enrichissent, en clair les boutonneux passent du gentil buzz internet au groupe sur lequel il va désormais falloir compter.

Björk "Declare Independence" extrait de l'album "Volta" - Nouvel album de Björk plus proche des ambiances d'Homogénic, plus corporel que cérébral, un nouveau kaléidoscope de sons et d'atmosphères réussi sans pour autant dégager autant de magie que ses prédécesseurs.... Violence à tous les étages avec ce Declare Independence hardcore et foutrement envoyé.

Bonnie "Prince" Billy and Red "Puff the magic dragon" extrait de "Songs for the young at heart" - Je vous ai parlé de cette charmante petite compil' enfantine made in England dont voici un des plus beaux extrait...

Cerys Matthews "White Horses" extrait de "Songs for the young at heart" - Même chose que pour Bonnie "Prince" Billy, un petit bijou quelque part entre comptine et pop song de grande classe.

Neil Young "Don't let it bring you down" extrait de "Live at Massy Hall 71" - Une leon de folk song et d'écriture par le Loner lui-même... à tomber.

No one is innocent "Les mêmes idées la même erreur"extrait de "Gasoline" - Un brûlot comme No one en a le secret, énergique et rageur, probablement le meilleur morceau d'un nouvel album qui prendra toute sa dimension en live.

Tom Waits "The Returns of Jacky and Judy" extrait de "Orphans - Brawlers, bawlers and bastards" - Belle relecture des Ramones par Tom Waits , du rock n' roll bluesy les mains dans le cambouis, servi par une voix inimitable. Avis aux amateurs ce triptyque rock folk et expérimental est un véritable chef d'oeuvre.

Wilco "I'm a wheel" extrait de l'album "A ghost is born" - Injustement méconnu , Wilco traine ses guêtres entre folk et pop barrée. Ca joue, ça sonne, ça gagne à être découvert urgemment.

dimanche 13 mai 2007

Enfin....

Nous sommes dimanche matin, et le brouillard se lève sur la lointaine Lotharaingie. Sur le champ de bataille s'avancent nos protagonistes, à savoir d'un côté votre humble serviteur assisté de son fidèle paternel, et de l'autre mon redoutable ordinateur portable armé de son fidèle jargon informatique incompréhensible. L'enjeu du combat est immense : proposer enfin une radio personnelle sur ce p***** de blog, et ce rien que pour ton plaisir et ta culture, lecteur(euse).
Le combat fait vite rage, le fracas du php et les détonations du ftp résonnent dans toute la maisonnée, au grand désespoir de môman, qui aimerait quand même bien qu'on puisse aller bruncher peinards.
La première bataille est une défaite, mon paternel s'avoue vaincu et se réfugie vers un raisonnable " je verrai ça plus tard", et puis s'est vrai qu'il commence à faire sacrément faim.
Mais de retour au bercail avec les dents du fond qui baignent, il est temps pour moi de reprendre la confrontation, suis quand même pas du genre à me laisser emmerder par un ordi, n'y par autre chose d'ailleurs !
Et c'est donc après un changement d'hébergeur, une passe d'arme en html, que je peux crier victoire.... UNE RADIO DE RUBRIKABACS EST NEE ( me reste juste à mettre de la musique dedans, mais là j'ai ma dose d'informartique pour la journée ) !! A vos pop-ups, le lien est juste à droite ....

mercredi 9 mai 2007

A noter sur vos petits carnets.


TURNER CODY

Les premières parties de qualité sont des denrées rares, à vrai dire , de nos jours, c'est même un coup de bol monumental de trouver un opening act intéressant.
C'est pourquoi, après avoir subi un petit groupe de luxembourgeois clones Tom McRae ( dont le dernier album est désastreux d'ailleurs ), j'attends avec impatience l'arrivée d'Herman Düne sur scène.
Et là , surprise, déboule un gugus taillé en point d'interrogation , dégaine mods à fond les manettes , armé d'une vieille Martin des familles. "Et merde, y'a une deuxième première partie", dis-je dégoûté à ma charmante camarade de table.
Mais je n'ai pas le temps de déverser mon fiel plus avant, que le gugus en question attaque son premier morceau.

La claque, purement est simplement la claque . Turner Cody de son petit nom, continue son set, et franchement, le charme opère. Quelque part entre protest song, country, folk et pop, le new yorkais et son petit filet de voix façon Dylan sans la sinusite, prouve qu'il est non seulement un très bon performer, mais surtout un excellent songwriter. A vrai dire ce mec semble avoir digéré une somme d'influences remarquables. On pense tour à tour à Van Morrison, Johnatan Richman, au Velvet Underground, le tout incarné par un seul et unique bonhomme. Les textes sont sublimes, et si son jeu de guitare souffre un peu de tiques instrumentaux, le tout tiens diablement la route et convoie une émotion impressionnante. Pour être clair , j'ai eu les poils pendant une demie heure.

Direction donc la boutique, et 15€ euros plus tard ( c'est dire si la fnac et autres se sucrent.. ) me voilà avec un 45 tour et un album avec , excusez-du peu, Herman Düne en backing band. Sur disque, la magie opère toujours, le son est vintage au possible , les arrangements finement réalisés, et on se rend vite compte que les morceaux de Turner Cody sont hautement addictifs.

Malheureusement , ce petit génie n'est pas distribué dans l'hexagone ( on passe vraiment à côté de tout chez nous c'en est navrant... ). Un conseil donc , notez ce nom sur vos petits carnets et foncez le voir en live dès que possible.
Pour les plus curieux ou les plus riches d'entre vous, sachez que les galettes de Turner Cody sont disponibles directement via son label ( http://www.byrecords.com ) et que vous ne regretterez pas vos euros. De toute façon, je fous cette perle rare sur la radio le mois prochain .

lundi 7 mai 2007

T'étais mignon quand t'étais petit !


STUART A. STAPLES "SONGS FOR THE YOUNG AT HEART"

Les français ne sont vraiment qu'une bande de blaireaux. Non , je ne parle pas ici des 53% de mes compatriotes qui ont choisi d'en revenir au Travail, Famille et Identité Nationale, ce n'est pas le propos de ces pages ( ou presque ).
Seulement voilà, quand les français s'entichent des chansons de leur enfance , on se retrouve avec Bernard Minet en Capitaine Flam et Chantal Goya en icône de la gay pride, ce qui, tu le concéderas lecteur (euse), aurait vite fait de faire passer l'Hexagone pour la capitale du bon goût.
Nos voisin grand-britons , s'il ont les mêmes idées, se permettent eux toutefois d'avoir nettement plus de classe et de finesse.
Voici donc une petite compilation de génériques de séries et dessins animés anglo-saxons sixities revisités par Stuart A. Staples, magicien et vocaliste envoûtant des défunts Tindersticks.
Au menu donc "Puff the Magic Dragon" et j'en passe , autant de titres qui ne vous disent rien, et à moi non plus d'ailleurs, ce qui nous évitera de trouver cette galette géniale pour l'unique raison qu'elle nous remet en mémoire le temps où du haut de notre mètre vingt nous ignorions tout de l'âge adulte, de la vie active et de l'élection d'un roquet de l'UMP.

Il faut bien le reconnaître , la BO de dessin animé n'a jamais vraiment figuré en temps que genre majeur au sein de mon panthéon musical, rien qu'à entendre une chanson de Walt Disney , j'ai de l'urticaire, c'est vous dire.
Pour être franc , les morceaux proposés ici ne font pas réellement exception à la règle de prime abord.
Mais sous la houlette d'un gugus comme Staples, même l'annuaire téléphonique est un potentiel orgasme auditif. Les arrangements sont donc splendides de finesse, cordes et glockenspiel à gogo, choeur de mioches, et parviennent à métamorphoser ces musiquettes en autant de berceuses pop à tomber par terre, pleines de charme et d'une mélancolie un brin dé suette. Certes , on se serait passer de certains synthés un peu trop old-school ("Marie, Mungo and Midge"), mais ce petit accroc est aisément pardonné.

Côté chanteur, là encore, que du bon. Les deux titres chantés par Staples sont envoûtants, Stuart Murdoch de Belle and Sebastian est totalement à son aise sur "Florence's Sad Song", la galloise Cerys Mathews, chanteuse de Catatonia, fait des merveilles sur "White Horses", la palme des meilleurs featuring revenant au la main à Kurt Wagner de Lambchop et Bonnie "Prince" Billy. Si les arrangements envoyaient déjà ces génériques dans une autre dimension, ces invités achèvent d'en faire de vraies chansons, qui parviennent à parler à la fois à l'enfant que j'étais et l'adulte que je suis devenu ( c'est pas beau ça comme formule !! ).

Alors certes j'aurai pu parler du très bon deuxième album d'Arctic Monkeys , ou taper gentille ment sur le nouveau Feist, mais eux, vous les croiserez probablement tôt ou tard , alors qu'un album aussi charmant ne mérite pas de passer inaperçu.

dimanche 6 mai 2007

De tous les français ....... compte là dessus !

C'est de Kent et ça date , mais ce soir ça me semble furieusement d'actualité...


J'aurais préféré une chanson d'amour
Sans un mot déplacé, toute en détours
Baignée d'insouciance et sourire en fleur,
Mais j'ai comme un haut-le-cœur...

J'aime un pays qui a le PAF tout ramolli
Dans ce pays, il y avait des chanteurs pour l'Arménie
Mais il y a surtout un paquet de béni-oui-oui
Et quand ça chie, on n'est pas beaucoup dans le maquis.

J'aime un pays pour la liberté d'expression
A condition que ça puisse rapporter des ronds
Tout est permis, de Charles Pasqua à Bernard Tapie ( la rime marche aussi avec S..... )
Aussi tant pis pour ceux qui croient à tout ce qu'ils disent.

J'aurais préféré une chanson d'amour
Sans un mot déplacé, toute en détours
Baignée d'insouciance et sourire en fleur,
Mais j'ai comme un haut-le-cœur...

J'aime un pays où tout le monde a la parole
Surtout les jeunes qui aiment bien le rock n' roll
Celui qui brille, celui qui mousse et fait des bulles
Belle jeunesse, qui rit quand on l'encule.

J'aime ce pays, j'y peux rien c'est dans ma nature
Je dis tout ça pour faire le malin, ça c'est sûr
Tant pis pour moi si après ça on est en brouille
Mais mon amour, tu sauras qu'au moins j'ai les boules.

J'aime ce pays, j'y peux rien c'est dans ma nature...


Allez , le temps d'avaler la pilule, et je reviens poster....

mardi 17 avril 2007

Un pot bien pourri

KINGS OF LEON "BECAUSE OF THE TIMES"







THE RAKES "TEN NEW MESSAGES"








Pardonne-moi, lecteur (euse) de ne pas avoir donné de nouvelles sur ce blog depuis un petit bout de temps. Seulement voilà , il fait beau, chaud, les oiseaux chantent, les fleurs éclosent, les jupes raccourcissent, les décolletés se dévoilent , les terrasses sont accueillantes, en clair , j'avais clairement autre chose à foutre que de tenter de faire l'éducation musicale on-line d'un bataillon de mollusques incultes.
Et puis, c'est vrai, mes attentes du mois d'avril, qui devaient être de vraies bombes s'avèrent finalement être de bons gros pétards ( hummm ! ) mouillés ( rhooo ). Et quand en plus je me rends compte qu'ils sont acclamés par la critique, je me dis que, par pitié pour votre portefeuille ou votre débit, il est temps que ce blog mondialement reconnu s'empresse de remettre les choses à leur place.

The Rakes fut probablement une des meilleures surprises venues d'Angleterre ces trois dernières années. Premier album bien envoyé, énergique, drôle, efficace, prestations live vraiment enthousiasmantes, un sans faute quoi ( à l'exception peut-être de la dégaine d'ingénieur informaticien puceau du guitariste , mais on peut pas avoir tout bon du premier coup ! ).
On savait que l'étape délicate du deuxième album serait ....... délicate ( mon style progresse n'est-ce pas ). "Ten new messages" est donc isolément une petite déception, et comparé à son prédecesseur une joli embardée dans le fossé.
Déjà , la production est médiocre, sans relief, trop propre et policée, se voulant "new wave" mais ratant complètement sa cible. Les morceaux sont globalement corrects , oscillant entre le bon ( "The world was a mess..." "We danced together" "Down with Moonlight" ) et le peu inspiré ( l'infâme "When Tom Cruise cries", "Suspicious eyes" ) et seraient clairement plus intéressants et réussis servis par un son plus rêche . L'album laisse donc une impression mitigée, un peu insipide, et en écoutant le précèdent et génial "Capture/Release" on a clairement le sentiment de s'être fait enfler par ces dix nouveaux messages, qui vont directement finir à la corbeille.

Tant pis pour The Rakes, allons voir chez les ricains sudistes de Kings Of Leon qui sortent ces jours-ci leur troisième album.
Même si les poilus de Nashville et les branchouilles londoniens n'ont strictement rien à faire ensemble, leur échec est pourtant sensiblement le même en version miroir. The Rakes : de bonnes chansons, un son de chiottes, Kings of leon : un son énorme, pas de chansons du tout. Et oui c'est bien là le souci de ce "Because of the times" , il n'y a pas de véritable morceau sur cet album, pas une mélodie qui se tienne ( "Charmer" en est le plus parfait exemple ), pas une once de songwriting ( "Knocked up" pourrait en donner l'illusion et encore... ). Par contre si vous voulez du gros son ( voire même du trop gros trop produit qui tache bien ... je sais je fais le difficile ) là y'a de quoi faire : batterie puissante , basse énorme, guitares à l'avenant, le tout avec quand même un petit arrière goût de hard rock assez nauséabond. Où sont passées les envolées de "Joe's head" les ballades de fond de bar "Dale old blue", qu'ont-ils fait de ce charme un brin bouseux qui leur allait à ravir ? Fallait pas virer la boue de vos bottes les gars , maintenant on sait que c'est des santiags bicolores à bout pointu. Dommage ...

Allez haut les coeurs, les nouveaux Nine Inch Nails et Feist devraient bientôt atterrir dans les bacs !

jeudi 29 mars 2007

Furieuse nostalgie



NO ONE IS INNOCENT "GASOLINE"

Y'a des groupes comme ça dont on arrive pas à se séparer. Des groupes avec lesquels ont a grandi, qui sont un peu la bande son de certaines de nos années. Pour moi , No one is innocent est de ceux-là. Deux albums explosifs en 1994 et 1997, puis sabordage suivi d'un silence radio de sept longues années, avant un retour en demie teinte avec "Révolution.com", voilà l'histoire de ce groupe intègre, furieux et engagé comme le rock français n'en a que trop peu connu.

Certes ce dernier opus n'était pas totalement convaincant, trop mature peut-être ou même trop sage, mal produit, bref indigne du grand retour que l'on attendait, mais si frais et si revigorant , qu'on s'était fait une raison. Les prestations live nous avaient largement rassuré, à l'image de cette Cigale en 2005, où au milieu d'un pit sans merci, tous, cadres supérieur en costards, ingénieurs, bref nouveaux petits adultes , nous avions de nouveau eu 14 ans l'espace de deux petites heures en se prenant un véritable tarte.

La question est donc de savoir si ce "Gasoline" se fera l'écho de l'énergie rageuse du No one live, ou s'il nous souffrira des petits travers du dernier essai studio.

Disons pour résumer , ( au cas où toi, feigansse de lecteur(euse), ne daignerais pas lire cette chronique jusqu'au bout ) que "Gasoline" est définitivement le meilleur album de No one depuis ..... le dernier, plus brut, plus engagé que jamais, mais encore loin de la rebellion radicale des premiers jours.

Le son est nettement plus costaud, les guitares ont retourvé le devant de la scène, la production générale est nettement meilleure, offrant donc un résultat assez pêchu et groovy. Kemar est fidèle à lui-même, à mi-chemin entre hip hop et chant, et les nouveaux membres du line-up s'en tirent bien , à l'exception peut-être d'un gratteux à peine assez noisy à mon goût.

Côté morceaux, là aussi, l'amélioration est très très sensible. "Liar" annonce clairement la couleur, on est pas là pour rigoler ni pour le match nul , "Gasoline" continue sur la lancée malgré un thème arabisant un peu téléphoné, et "Les mêmes idées, la même erreur" est carrément digne des brûlot de jadis.

Les textes sont toujours aussi bons, peignant un tableau acerbe de la France d'aujourd'hui avec les futures élections en ligne de mire . Malheureusement les compos ne sont pas toujours à la hauteur, les symptômes de "Révolution.com" n'ont pas encore tous disparu. Nous revoilà donc avec une ballade inconsistante ( "L'Amour de la haine" ) malgré un p**** de texte sur Sarko, et des embardées vers un rock franchouillard vraiment indigeste "La peur" en étant le pire représentant ( et dire que c'est le single .... ).

Alors voilà , y'a des jours ou faut savoir prendre partie. Perso, allons-y, je vote pour cette album. Parce qu'on peu t pardonner les errances d'un groupe avec lequel on a grandi, parce que Kemar reste le porte-parole de toute une génération, parce que "Gasoline" vaut cent fois toutes les dernières productions du rock français, et parce qu'en octobre prochain dans le pit de la Cigale , j'aurai encore droit à une cure de jouvence à grand coups de titres imparables.

dimanche 25 mars 2007

Le feu sans l'artifice



NEIL YOUNG "LIVE AT MASSEY HALL"

Faut-il encore présenté Neil young ? Est-il encore nécessaire de louer The Loner , qui au sein de Buffalo Springfield, de Crosby Still Nash and Young ou tout seul sur son Crazy Horse s'est imposé comme un artiste unique, intègre et incontournable de la musique populaire moderne ? Oui, lecteur(euse) Neil Young , c'est bien cette grande gigue aussi canadienne que sa chemise dont la carrière oscille depuis ses débuts entre folk acoustique et mur du son électrique. Et quand bande de nouilles, on a jamais mis entre ses esgourdes les chef d'oeuvre que sont "Harvest", "After the gold rush" et "On the beach", on a plutôt intérêt à filer se les choper ( en vinyle de préférence ), sous peine de mourir comme le dernier des cons.

Nous retrouvons donc ici Neil Young âgé d'à peine un quart de siècle pour une performance tout seul de chez tout seul, à la maison, au Massey Hall de Toronto.

Certes, ça fout toujours un peu la trouille de voir les maisons de disques dépoussiérer des archives sonores inédites. On flaire toujours plus sur ce genre de coup la bonne odeur du billet vert que l'inspiration éclairée du directeur artistique passionné. Sauf que là, on parle de Neil Young, du seul gugus qui n'aurait jamais lâché un carreau de sa chemise ou un brin d'herbe de son ranch au music-buisness.

Encore une fois n'y allons pas par quatre chemins, cette album est énorme, et ce pour une flopée de raisons, que vous allez vous ramasser en vrac sur le champ.

Tout d'abord, ce live est unique, dans sa forme même, car ça fait quand même bien chaud au coeur de se fader une prestation du grand Young tout seul sur son os ou son piano , pour des versions de titres mythiques réduits à leur plus simple squelette et qui s'offrent à nous dans leur plus simple appareil. L'occasion de découvrir que ses chansons, politiquement engagées ( "Ohio" ) ou plus personnelles ( "Don't let it bring you down", "Helpless"... ) sont des petites merveilles de songwriting, d'émotion rêche, que le jeu de guitare allié à la voix nasillarde et haut perchée du Loner transcendent à eux seul. Nom d'un vieux barbu, j'en ai les poils rien que d'en parler.

Ensuite parce qu'historiquement cette performance est diablement intéressante. Située en 71, ce concert propose certes de superbes versions de morceaux déjà parus, mais contient aussi les esquisses du futur coup de maître,"Harvest", qui sortira l'année suivante. Ainsi on trouve excusez du peu des versions plus ou moins avancées de "Old Man", "A man needs a maid" ( enchaîné sur "Heart of Gold" comme si les deux morceaux ne devaient au départ faire qu'un ) , "The needle and the damage done", qui permettent d'entrevoir le cheminement artistique de Neil Young. Et quand Maitre Young laisse apparaître les coulisses de son oeuvre, ce n'est pas juste intéressant, c'est tout bonnement inespéré.

Enfin , moi , quand on me dit "archive" , je tremble toujours à l'idée de me retrouver avec un enregistrement façon pointe du Raz par grand vent , réalisé par Mike, éboueur charcutier à mi-temps, tombé là au bon moment avec son dictaphone. Que nenni . La qualité sonore est splendide, et capture bien l'ambiance du concert dans son intégrité, restituant bien les finesses des instruments et de la voix , et ne s'embarrassant pas d'editing foireux pour laisser les quelques mots de Young à son public, bribes de phrases qui permettent de cerné un bonhomme humble et introverti à l'humour pince sans rire.

Seul souci , à force d'écouter ce disque on finit par se dire qu'on est vraiment né une bonne trentaine d'années trop tard, et qu'aujourd'hui on a autant de chance de voir Neil Young en concert que de voter pour un immigré Hongrois au premier tour d'une présidentielle. Heureusement, le concert audio est accompagné d'un dvd qui va bien. Franchement que demander de plus si ce n'est à son index d'appuyer sur replay ?

jeudi 22 mars 2007

Rock n' roll suicide

Les conversations noyées dans le Paddy ont du bon, dans la mesure où j’ai découvert, pas plus tard que mardi soir, qu’elles avaient au moins le mérite de poser les bonnes questions. Ainsi donc, après une dose largement déraisonnable de tord-boyau irlandais, un pote, dont nous tairons la véritable identité et appellerons Nico, s’exclame, alors qu’on discute musique, ( excusez d’avance lecteur (euse) la familiarité des propos rapportés ici ) « Mais putain pourquoi rien ne me fais plus vibrer depuis la mort de Kurt ? ». Non Kurt n’est pas le défunt hamster nain de Nico , mais bien le chanteur refroidi de feu Nirvana ( ça en fait des cadavres dans une phrase ça ! ).

Certes , personnellement j’ai toujours eu du mal à encadrer Nirvana, aversion renforcée plus tard par le culte massif d’un brailleur à côté de ses Converses ayant décidé de tester les propriétés pare-balles de son carafon, sans succès évidemment.
Reste que cette interrogation sonne juste et résonne en moi, tant il est vrai que les derniers disques à m’avoir vraiment touché ont au moins une bonne vingtaine d’années.

Car oui il existe à mon avis trois catégories de galettes, celle, qui sont légion, dont on se contrefout ou que l’on déteste, celles, encore nombreux, que l’on apprécie et réécoute sans cesse avec plaisir, et enfin celles du cercle très select qui vous marquent réellement, dont on ne pourrait se séparer et dont on dit, plus par sens de la formule choc qu’autre chose, qu’ils ont changé votre vie.
Comment se fait-il que cette dernière catégorie n’est plus aujourd’hui que de rares candidats potentiels (le premier qui l’ouvre pour parler de parrainage s’en ramasse une !) ?

Le premier coupable possible est, à mon sens, le marché du disque lui-même et ses médias de diffusion.
En effet, ces dernières années, les productions discographiques se sont multipliées, et à l’inverse d’aller vers une diversification de l’offre, se sont focalisées sur une variet’ mainstream de mauvais goût, visant à laisser un minimum de vide dans le tiroir caisse des majors. Les radios ont suivi, saturant leurs ondes des mêmes refrains abscons et formatés. Plus ou peu d’espace donc pour des groupes au discours décalé, original, et plus de prises de risques des producteurs, ça serait quand même con de risquer son salaire et son bureau dans le 6e par amour de l’art.
Chacun à sa place donc, les groupes indépendants de plus en plus en marge des circuits et accessibles aux seuls aficionados, et la bouse de masse bien étalée 24h/24h sur la moindre parcelle d’espace de diffusion.
Gageons que s’ils devaient se révéler aujourd’hui, des groupes comme les Stones , Nirvana, Pixies et autres Smiths seraient prier d’aller se faire intermitter dans les bars miteux qui conviennent à l’estimation de leur potentiel de vente.
Reste qu’il y a encore un bataillon de groupes et artistes intéressants ( Broken Social Scene, Arcade Fire, Bonnie Prince Billy, Grandaddy etc … ), qui pourraient laisser leur empreinte sur notre époque, mais qui malheureusement sont condamnés par le marché à rester dans l’ombre des vaches à lait et donc du grand public.

Que se lève ensuite le deuxième accusé.
Ces dernières années , c'est d'une évidence flagrante, la créativité de la plupart des artistes est en berne.
Lors de l'éclosion de la musique pop au sens large du terme, comprenez avec l'arrivée du rock au milieu des années 50, tout restait à faire et ce fut donc "facile" de défricher de nouveaux terrains pour des groupes comme les Beatles , les Who, les Beach boys et compagnie. Leur marge de manoeuvre était immense et leur mérite fut de l'exploiter avec intelligence.
Ensuite, la vague Punk puis la New wave, firent table rase des enseignements des ces pionniers devenus fats et embarquer dans une logique intello-avant-gardiste prétentieuse. Leur grande avancée consista donc à détruire les codes vieillissants des générations passées.
A leur tour , les crêteux de tous poils se sabordèrent ou rentrèrent dans le rang, embarquant le monde musical dans la traversée du désert des mid'eighties, où les seules avancées significatives furent l'avènement des musiques électroniques de la house à la techno, et bien sûr du hip hop.
Le soubresaut grunge se contenta quant à lui de remettre les instruments acoustiques au goût du jour, en reprenant, plus ou moins adroitement, les choses là où l'armée des épingles à nourrices les avaient laissées.

Depuis ....... rien ..... ou pas grand chose. Même les disques les plus intéressants de ces dernières années se contentent de revisiter avec réussite des codes vieux d'une décennie au minimum.
Du revival reggae hexagonal , au récent retour du rock, des White Stripes aux Arctic Monkeys, tous se contentent de mixer des influences sans réellement changer la face du monde, alors que parallèlement, la variété, et la musique black ( du r'n'b au hip hop ) sombrent à grande vitesse dans un mercantilisme putassier gerbant.
C'est de ce manque criant de création que provient ce sentiment de n'être plus touché au coeur et aux tripes que rarement, tant il est vrai qu'on ne peut vraiment s'émouvoir d'une musique dont on connait clairement les ficelles.

D'autre part , tous les groupes phares jamais signés se situaient également dans une logique sociale qui joua indéniablement un rôle important dans leur capacité à laisser leur empreinte sur des générations.
Les Who, Beatles, Stones, Kinks, incarnèrent l'éveil de la conscience d'une jeunesse enfermée dans le carcan de l'après guerre, le punk cracha à la figure de ces références un "do it yourself" salvateur et destructeur d'une musique sombrant peu à peu dans l'académisme, la new wave transcrit le dégoût des années Thatcher, le hip hop fit éclater au grand jour le malaise de la communauté afro-américaine, et le grunge se fit l'écho des soucis d'une génération en proie aux doutes de la crise économique.
De nos jours, à l'heure ou la musique est devenue une gigantesque industrie de loisir et de consommation sans effort, peu d'artistes ont désormais la préoccupation de parler à leur public, et se contente de lui fournir sa dose de jolies chansons formatées et doucereuses.

Enfin, et c'est peut-être là la cause réelle de ce manque de groupes marquants, nous avons changé, mon cher Nico.
Nous ne sommes plus ces ados plus ou moins bien dans leurs baskets qui voyaient en Cobain et autres Cantat un moyen de se raccrocher à un art qui signifiait plus pour nous que les discours de nos parents et profs.
Nous doutons de moins en moins de notre avenir , nous nous installons petit à petit dans une vie confortable, et nos états d'âme nous pèsent de moins en moins. Je crois que si aucun groupe ne nous émeut profondément aujourd'hui , c'est peut-être que nous n'en avons plus autant besoin qu'avant, même si nous en avons conservé le désir.

Mais ce n'est pas grave, car je crois qu'avec des galettes comme celles de Björk , Nirvana, Pearl Jam, No one, Neil Young, Joy Division, The Smiths, Noir Désir, dEUS, NTM, IAM, Underworld, Aphex Twin et autres dans nos valises , on peut sereinement devenir des vieux cons .

vendredi 16 mars 2007

Retour gagnant


THE STOOGES "THE WEIRDNESS"


Les prestations live de ces dernières années et la participation des frangins Asheton sur "Skull Ring" d'Iggy Pop étaient donc de bonne augure, une des machines de guerre les plus déglinguée que le rock'n roll n'est jamais connu se reforme.

"Mais qui c'est que c'est les Stooges ? " murmure déjà la part d'indécrottable imbécile qui sommeille en toi lecteur(euse). Récapitulons donc. 1969, The Stooges, groupe composé de Scott Asheton (batterie), Ron Asheton (guitare) David Alexander (basse) et d'un certain Iggy Pop ( si là ça ne vous dit rien c'est à désespérer ! ) jettent un premier pavé dans la marre ( l'album "The Stooges" ) d'un rock devenu trop babacoulo-cérébral, coup de semonce gorgé de groove primaire, de guitares rageuses, de morceaux foutraques, de provoc salvatrice, qui doit autant à la British Invasion , qu'au blues de Detroit voire même qu'à la montée du free jazz. Suivront ( en 1970 et 73 ) deux autres albums tout aussi indispensables ( "Fun House" et "Raw Power" ) avant que le groupe camé jusqu'à la moelle n'explose en vol, laissant un bassiste sur le carreau. Seul Iggy Pop traversera les eighties et nineties à peu près dignement au cours d'une carrière solo façon montagne russe. Le cours d'histoire est terminé veuillez accrocher vos oreilles, revenons en à "The Weirdness".

The Stooges n'ont jamais fait dans le consensuel, jamais fait dans le buisness, pas de risque donc de les voir se reformer pour des raisons bassement mercantile. Me voilà donc avec dans ma mimine tremblante une des sorties les plus excitantes de l'année, le nouvel opus du groupe le plus dangereux de tous les temps . Seul souci .... est-on encore vraiment rageur et déjanté quand on approche de la soixantaine ?

Le doute se dissipe vite , dès ce "Trollin'" qui nous fait comprendre que les pépés , n'ont pas bouger d'un poil, que non, The Stooges ne sortiront jamais l'album de la maturité et continueront à faire ce rock jouissif et rétrograde.
Les morceaux se succèdent avec la même hargne qu'aux premiers jours, comme une bonne rafale de directs à la mâchoire, compacts , efficaces, cradingues et débraillés. Parmi les petites pépites , on notera "Mexican guy" et son gimmick à la "1969" ( morceau inaugural du premier album ), "My idea of fun", rouleau-compresseur en guise de single , et le sublime "The Weirdness" ou Iggy Pop joue au crooner sur un down tempo imparable qui oscille entre classe internationale et slow désarticulé pour alcooliques anonymes .

Les frangins Asheton, transformés par l'âge et le vice en Laurel et Hardy version trash prouvent quant à eux qu'il n'est absolument pas nécessaire d'être une flèche de technique pour assembler de leur touche si particulière la colonne vertébrale d'un morceau et même d'un album entier. Iggy lui n'a jamais aussi bien mal chanté. En clair rien n'a bougé depuis 1974, ranger vos boites de Viagra, les papy bandent encore.

Seule petite ombre au tableau, la production de Steve Albini, si elle fait la part belle au son cradingue de rigueur pour un tel brûlot, penche parfois trop ( sur les guitares notamment ) du côté hard-rock de bikeur les mains dans le cambouis, au lieu du bon vieux fuzz vrille tympans.

"The Weirdness" reprend donc les choses là où "Raw Power" les avait laissé, nouveau chapitre de l'histoire d'un groupe majeur de l'histoire du rock, à qui tous les groupes et courants musicaux de ces vingts dernières années, des Sex Pistols à Nirvana, du punk à la new wave, des Whites Stripes aux Bellrays doivent quelquechose, ne serait-ce que leur simple existence . Ses membres peuvent viellir, The Stooges eux , ne prennent pas un ride .

samedi 3 mars 2007

Déçu mais content


HUSHPUPPIES "THE TRAP"


En ces temps de campagne ou cette bonne Marianne se regarde gentillement le nombril quand à savoir quel sera le prochain sur la liste de ses relations quinquennales, ( il se pourrait que ça soit saphique pour la première fois de l'histoire ! ), il était donc de bon ton que ce blog fasse pareil, et jette un coup d'oeil à ce qui se passe par chez nous.
Réponse : à première vue, pas grand chose. En effet, difficile de trouver des artistes hexagonaux, qui ne fassent pas dans la vénération post-mortem de Noir Désir ( Luke j'en passe et des moins bons c'est vous dire ! )ou dans la course à l'incarnation du gendre idéal façon Bénabar et Delerm, ou bien dans le retour inattendu façon Résousse de Nazareth ( Renaud , Delpech, Indochine etc... ) ou pire encore dans le métal prépubèro-marketé. Quant au hip hop français , on peut dire qu'il a certes eu un joli dernier râle avec l'album de Joey Starr ,mais le diagnostic prône aujourd'hui l'euthanasie pure et simple.

C'est pourquoi j'adore les Hushpuppies. Certes le look façon mods et l'abus des chemises à jabot et franges sur le front me parlent plus que les pyjamas Lacoste et l'énorme arrière train de Diam's, j'en conviens.
Mais déjà , ça fait du bien de retrouver un groupe non pas sans influences , mais sans les bonnes vieilles influences bien de chez nous, qui les trois quart du temps sentent le réchauffé ou carrément le petit garçon qui se néglige .

Les Hushpuppies font du rock'n roll à tendance garage ( comprenez un peu cradingue ) et psyché comme dit la presse spécialisée ( ce qui doit tenir à la présence de vieux synthés et orgues en plus du combo habituel ). Dans un pays où le public n'a su apprécier que le rock de Johnny, Dick Rivers et Téléphone, c'est assurément un gage de sincérité !

Et puis il y a les concerts des Hushpuppies , et là ça tabasse vraiment, du vrai de vrai , sans artifices, sans light show, bref sans prétention de flatuler plus haut qu'il ne faut, juste avec de bons morceaux, et une énergie impressionnante. Résultat , là où tout le monde attendait Dyonisos, Camille et Dominique A aux Eurocks 2006, il valait mieux venir prendre une bonne vieille leçon de live avec cette bande de furieux.

C'est aussi pourquoi, suite à ces souvenirs terribles du groupe en live , je n'aime pas du tout " The Trap". On sait bien qu'il est délicat de retranscrire l'esprit d'un groupe de scène dans une cabine de studio , et encore plus sur une chaîne de salon. Mais là , c'est la cagade complète.

Primo , le son du disque est pâteux, imprécis, brouillon, très médium, et dessert complètement la musique des Puppies , qui auraient mérité bien plus de grain et d'attaque. Mais bon, gageons que ces philantropes des maisons de disques avant encore gardé leur contrat avec le studio de mixage de l'hospice des malentendants de France.

Pas de son, pas de pêche, pas de patate.... pas de morceaux . Même l'hymne "You're gonna say yeah " carrément énorme en live s'en tire ici de justesse. Quant aux autres titres, et c'est là tout le risque d'un album , on se rend progressivement compte que, s'ils passaient bien dans l'euphorie du live, certains ne supportent pas plusieurs écoutes, pénalisés certes par ce son dégueulasse, mais aussi par des gimmicks d'écriture un peu redondants.

Enfin , le groupe semble jouer petit bras, crispé , ce qui ne fait qu'aggraver le sentiment de foirage général, là ou la scène nous montrait un groupe avec une technique basique, mais sans complexe et qui lâchait les chiens.

Voilà donc le dilemme, que conclure après un chaud-froid pareil.... Dois-je avoir, ô cruauté, l'inhumanité de flinguer un groupe qui allume une lueur de bon goût dans le paysage français ? Dois-je recommander, ô hypocrisie, l'achat d'un album qui n'a pas tenu ses promesses ? ( cette séquence mélo vous a été présentée par Kleenex ).
En guise de happy end , je conclurai donc avec la conclusion suivante, il faut écouter "The Trap" pour sentir un peu d'air frais dans le rock français et découvrir un bon groupe, pour les âmes généreuses achetez "The Trap" pour soutenir la cause, et surtout foncez voir les Hushpuppies sur scène dès que possible. Quant à ceux qui ne veulent ni l'écouter ni l'acheter , je me demande juste pourquoi il se sont emmerdés à lire ce blog !

vendredi 2 mars 2007

Stand by

Oui , le pire aurait pu arriver. J'aurai pu en ce vendredi matin pluvieux à mort, esquisser un mauvais mouvement de plumeau en faisant le ménage et recevoir sur le crâne ma collection de cd , pour mourir dans les plus atroces souffrances au millieu de ce qui fut jadis la plus impresssionnant rassemblement de galettes de l'univers ( mes chevilles ? ça va bien, merci ).

L'horrible accident aurait à lui seul pu alors justifier le silence qui règne sur ce blog depuis le dernier post. Mais , heureusement pour moi et pour toi lecteur(euse), cet épisode n'est que pure fiction , et l'inactivité de ce blog n'est dûe qu'au peu de sorties vraiment intéressantes de ces derniers temps ( un album de Mika sympatoche et un album de Ths Shins plutôt prometteur ), ainsi qu'à mon emploi du temps de ministre.

Mais rassurez-vous ce début de mois de mars est très très intéressant, ne virer donc pas cette adresse web de vos favoris d'un clic dédaigneux et attendez demain, vous allez voir !

dimanche 18 février 2007

Boulet d'un jour, boulet toujours !

Ce week-end , grâce à l'aimable participatioin d'un cobaye fraichement débarqué de la capitale en notre bonne Lorraine , je suis parti en spéléo au coeur de cette engeance étrange qu'est le geek , qu'il soit ou non en phase de sevrage.
Moralité , le geek est sympa, le geek est joueur, le geek a le poil soyeux , mais nom de dieu de nom de dieu ( désolé vieux ! ) que le geek est peu dégourdi.
Donc à toi lecteur(euse) de tester ton degré de geekitude en répondant à cette question :

Pourquoi sur Rubrikabacs, quand on passe la souris sur les titres d'album, la petite flèche se transforme en gant de mickey ? .................

POUR T'INDIQUER QU'IL YA UN LIEN ! Lien qui ( oh comme c'est bien pensé n'est-ce pas ! ) te permettra d'aller écouter la galette en question !

En espérant que beaucoup d'entre vous avaient trouvé d'eux-même...


PS: Mille merci à Millow pour son intervention décisive dans mon processus d'investigation.

mercredi 7 février 2007

Jukebox du mois

Ce mois-ci , éloignez vos vieux des enceintes, préparez vos bouchons d'oreille, et parez vous de vos fringues les plus pourries pour du pogo à tous les étages, et vous serez prêts pour un Jukebox bien rentre dedans.

Les braises du punk

AT THE DRIVE-IN "RELATIONSHIP OF COMMAND"

Voici déjà 7 ans que ce brûlot est sorti, dernier album d'un combo chicano qui devait de suite exploser en vol pour former The Mars Volta et Sparta. Ce n'est donc pas d'une nouveauté dont il sera question aujourd'hui , mais de la redécouverte de cet galette flamboyante, qui n'a pas pris une ride.

Signé chez feu le label des Beastie Boys, Grand Royal , "Relationship of command" un disque sur le fil du rasoir, en constante tension, violent et âpre, empruntant tour à tour au rock, post-rock, punk et hardcore, et combinant à la fois puissance brute et mélodies en dedans. Un coktail d'influences molotov, qui met le feu à un album sans temps mort, épileptique et magistralement efficace. Inutile donc de préciser que les afficionados de la tendresse peuvent aller se faire cuire un oeuf.

Sur "Relationship of commamnd", tout est en effet fait pour caresser nos esgourdes à grand coup de matraque.
Les morceaux sont alambiqués ("Invalid litter dept."), à la poubelle couplet/refrain, les harmonies brouillones et décharnées, et quand la guitare d'Omar Rodriguez s'adoucit un peu , ses mélodies sont si inattendues qu'il est déjà trop tard pour s'en rendre compte , la bataille a déjà repris ! La section rythmique est impressionnante de punch et constitue réellement l'épine dorsale d'At the drive-in.
La voix de Cedric Bixter oscille constamment entre cri et chant au placé, scansion hurlée ( qui n'est pas sans rappeler Rage Against the Machine ) et refrains vociférés. Cette voix est sans conteste un des piliers d'At the Drive-In , insuflant du relief en saignant à blanc les passages chargés d'émotion ( "One armed scissor", "Pattern against user" ) et dynamitant les plus enragés ("Arcarsenal", "Non-zero possibility"), soutenue régulièrement par des choeurs à la puissance de feu hallucinante.

Pourtant , j'en vois déjà qui se disent "beur beurk ça à l'air d'être de la gueulerie", je n'aime pas le bruit gratuit , je n'aime pas ce groupes de hardcore qui veulent jouer plus vite et plus fort que tout le monde, et encore moins ces groupes de punk d'opérette percés chez Auchan. Mais on est ici à des années lumières de ces excès, chaque titre possède un charme vénéneux auquel il est impossible de ne pas succomber et repose sur une intelligence musicale proprement hallucinante. Certes, cette beauté rugueuse ne se dévoile pas de prime abord , mais son emprise mérite largement d'appuyer sur replay.
Aucun groupe n'a, à mon sens, jamais atteint depuis ce degré de maîtrise et d'originalité en dansant sur les vieux os du punk et de la new wave.

jeudi 1 février 2007

Carla tais-toi

CARLA BRUNI "NO PROMISES"

Bon , soyons franc du collier, hors de question de mettre un sous dans un album de Carla Bruni , par principe, et par peur d'avoir à le regretter.
Restons toujours dans la franchise, difficile de ressentir la moindre excitation à l'annonce de la sortie d'un successeur à son insipide premier album franchouillardo-chansonnier sans envergure.
Impossible également de croire au talent de Carla Bruni, quand on se rappelle l'avoir vu se vautrer lamentablement dans l'émission "En a parte " sur Canal, en ne pouvant même pas retrouver les trois accords de son single pour l'interpréter en live à la demande de Pascale Clarke. Quand on prétend avoir écrit ses chansons, ça fait un peu baltringue.
Néanmoins, raffut médiatique à l'appui, difficile de ne pas avoir la curiosité de prêter une oreille à ce "No Promises" puisqu'on nous bassine partout qu'il est bon, et qu'on a quand même envie de donner une deuxième chance à une demoiselle qui a eu le culot de chanter "Fernande" en prime time.

Le principe de cet album est simple , prendre des poèmes anglais et les mettre en musique. Comme sur le premier album , c'est Bertignac qui assure la production, ce qui n'est pas nécessairement une bonne nouvelle vu les dernières sorties du bonhomme ( l'horrible " Je chante" notamment ).
Alors oui , les textes sont beaux ( pas étonnant vu d'où ils sortent ). Mais à quoi bon utiliser ces poèmes pour ne pas les illustrer de manière originale à défaut de leur apporter quelque chose.

"No Promises" est dans le même ton que le premier opus de Bruni, un peu plus pop histoire de faire branchouille, et si doux et caressant qu'il en devient totalement insipide. Certes l'anglais sied un peu mieux à cette voix de Jane Birkin aphone ( pourtant y'avait de quoi avoir peur en entendant Carla Bruni prononcer "songuevraïtère" en interview ), mais la musique quant à elle est convenue et sans surprise. Au bout de deux titres , on aimerait quand même avoir l'impression d'être ailleurs que sur une attente téléphonique .

C'est donc bien beau de se réclamer de tradition folk , de déclarer que The Clash et Lou Reed sont des maîtres, mais peut-être serait-il temps de traduire tout ça en musique, sous peine d'être prise pour une godiche qui n'a rien compris à rien et qui place les influences requises en fonction du magasine ou du journaliste présent.

On ne juge pas un bouquin sur sa couverture dit le proverbe grand-briton. Pourtant cet album est bien à l'image de sa pochette, joli, convenu, mais qui ne respire pas la sincérité et semble vraiment être mis en scène de toutes pièces.