dimanche 10 octobre 2010

Motorama - Alps

Je suis né l'année de la mort de John Lennon et Ian Curtis . Pas de quoi la ramener, vous me direz que tout le monde s'en fout et que je ne dois pas être le seul, et pour une fois vous avez très vraisemblablement raison.
Ma pauvre existence n'a finalement eu qu'un faible laps de temps commun avec ces deux comètes de la musique moderne.

Le premier pas besoin de le présenter, même les plus bas de plafond d'entre vous, lecteur (euse) ont dû un jour caresser l'espoir d'une galloche fugace avec Cindy, la bombe de votre classe de 6e, sur fond d'"Imagine".
Le deuxième fut ( séquence culture générale : en cas d'acquis déjà validé, passez au paragraphe suivant ) le frontman épilleptico-suicidaire à voix d'outre-tombe qui pendant 4 courtes années grava dans le vinyle avec Joy Division les galettes les plus flamboyantes, les plus urgentes et les plus dramatiquement mal jouées de la deuxième moitié du vingtième siècle avant de tenter de faire de la balançoire avec la nuque dans sa cuisine un beau matin de mai.
Ses disques m'ont retourné à jamais. Cicatrices indélébiles sur les deux tympans.

Depuis, à chaque fois qu'un groupe me fait le coup de "sonner comme" ou du revival post-punk new wave, je mords à l'hameçon et le relâche presque aussitôt.
Interpol et son "Turn on the bright lights" m'aurait presque tiré les larmes avant qu' "Antics", "Our love to admire" et le dernier "Interpol" ne les fassent sécher d'ennui. Editors m'avait fait l'effet d'un pétard mouillé.
Ainsi donc, il me faudrait me contenter des éphémères effluves déprimo-groovy mancuniennes d'un Joy Division passé de vie à trépas quand j'étais occupé à faire le chemin dans l'autre sens. Plus jamais je n'aurai l'occasion de revivre ce moment de découverte fascinant, ce lendemain de foire ou le nez dans le café noir j'avais mis "Unkown Pleasures" sur la platine...

Et puis samedi, hier pour être plus précis, alors que je participais modestement à une émission de radio associative, dont on ne cessera de répéter à quel point elles sont précieuses, un des animateurs à mis ça : Motorama. Des Russes. Un bon morceau à première vue.
Fallait rester concentrer, j'avais des titres en live à assurer, j'ai écouté d'une oreille distraite et décider de noter le nom dans un coin encore accessible et vierge de ma boîte crânienne.

De retour à casa, internet est mon ami, je me mets à la recherche des russkofs en question pour en écouter plus et mieux.
Et là, si j'avais fait voeux de chasteté et que j'aimais me lever tôt le dimanche, je hurlerai au retour du messie.
Toutes mes images d'Epinal Russes sont balayées en deux accords de guitares sèche et cinglantes comme une rafale de zeph un soir de février sur la place rouge.

Déjà ça sonne de la mort... batterie ultra plate, grosse caisse en carton, charley bien devant, guitares claires et bien mediums, basse corde à linge très mélodique, une ou deux nappes de synthé bien senties, et une voix grave noyée dans une reverb à faire tourner chèvre le dernier ingé son boutonneux fraichement émoulu de son école.

Et en prime les morceaux sont dans l'ensemble très bons, et foutent trois à quatre longueurs à la concurrence actuellement en activité.
Ecoutez juste "Wind in her hair", "Ship", "Ghost"...Le tour de force est de nouveau réussi, des titres tristes comme la pierre, chantés par une voix de croquemort dépressif, mais soutenus par un groove bien raide, bien eighties, le seul qui ait jamais réussi à me libérer de ma paralysie chronique du bassin à l'approche d'un dancefloor.

Alors certes, l'anglais est approximatif et l'accent pas si loin de l'ancien cadre du parti fraichement éveillé au délices du marché, les gimmicks de guitares sont simplissimes et jouables avec deux doigts et une main qui sert la vodka, le batteur aurait besoin d'un pacemaker ou d'un métronome, le chanteur d'un accordeur, tout ça est très approximatif, mais ultra-spontané et monstrueusement efficace !

Il ne m'en a pas fallu plus pour chercher directement à acheter la si méchamment bien venue galette made in Rostov sur le Don.... et là stupeur, tremblements..... tout est en téléchargement libre, Motorama n'est pas signé ( en tous cas apparemment ... ). Raison de plus pour se rejouer et se rerejouer ce bel album sur soundcloud ici : http://soundcloud.com/motorama/sets/alpsalbum

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