Katerine - Philippe Katerine
Mes parents, mes amis, ma femme, mes collègues et mon chien ( si j'en avais un ) pourront vous le dire, j'aime assez le second degré, comme même le troisième et ceux qui suivent. Mais y'a des limites, faut pas déconner non plus.
J'avais laissé Katerine à l'apogée de son succès populaire, à l'heure où, élégamment cintré dans un moule-prépuce rose, il chantait d'une voix débilo-comique qu'il adorait regarder danser les gens au bar du Louxor.
L'album m'avait fait gentiment marrer, la démarche du branleur qui pousse le concept de la rentabilité maximale et du retour sur investissement à son paroxysme en faisant un disque avec une groovebox et deux cure-dents aussi.
Pas le genre de galette que j'écouterai à longueur de journée, pas le genre de disque qui me ferait arrêter toute activité musicale en hurlant au génie, certes. Et puis en live ça avait de la gueule, avec feu les Little Rabbits qui transformaient cette pantalonnade synthétique en brûlots rock'n roll foutraque sous le nom de la Secte Humaine.
Mais, comme je le disais plus haut, y'a des limites, faut pas déconner, du bar du Louxor au PMU de Rire et Chansons, il n'y parfois qu'un...faux... pas.
Alors certes les boboïsants dotés d'un demi-tympan pourront toujours convoquer les fantômes du dadaïsme, Duchamp et ses potes, mais comme l'a fort justement dit un jour un copain à moi très fréquentable, "En musique y'a pas de juste milieu, ou c'est bon ou c'est de la merde".
Vous allez me dire, lecteur(euse) que si ce nouvel opus de Katerine penche très clairement du côté de l'étron sans intérêt, pourquoi gaspiller ces quelques minutes au demeurant précieuses à écrire ou lire le moindre mot sur cette daube absconse.
Pour être honnête, il fut une époque encore pas si lointaine où un type comme Katerine me redonnait foi dans la chanson hexagonale. "8e Ciel", "L'Education anglaise", "Les créatures", "Mes mauvaises fréquentations", furent, et sont encore, autant de disques précieux, affranchis du sempiternel patrimoine franchouillardo-cabaret à textes, diablement classes et foutrement bien gaulés.
Semi-échecs commerciaux, petits secrets bien gardés qu'on se refilait sous le manteau alors que la vague vociférante québécoise polluait la totalité des ondes, ces disques de Katerine valaient leur pesant de velours côtelé.
Le problème c'est que la blague "Robot après tout" a marché... foutrement trop marché. Et comme toujours, on a commencé à entendre le bon Philippe dans son plus mauvais rôle au rayon frais des supermarchés, dans les boîtes de nuit branchouilles et les bals de fond de campagne, chez Drucker et consorts, Katerine ne perdant pas une occasion de faire ce que tout le monde attendait de lui : le débile léger vaguement talentueux.
Ce nouvel album n'est donc que la seconde phase de ce qui pourrait bien être l'autodestruction programmée d'un type pourtant très fréquentable au départ....
24 chansons courtes ( point culminant à 3 minutes et des poussières ), 24 titres vite jetés, pour rester poli, mais néanmoins parfois accrocheurs ( je mets au défis quiconque de ne pas avoir envie de se jeter d'un pont pour s'ôter du crâne le refrain de "La banane"), 24 morceaux sans se fouler, sans fond, sans musique, sans âme mais avec un potentiel de chianlie bien au-dessus de la moyenne.
Là où "Robot après tout" faisait dans le minimalisme synthétique, cette galette fait dans la paresse, le pénible et le kitsch à la lisière du vomitif ( "Bla bla bla" et le reste ... )
Les textes sont à l'image des sons ....
Certes encore une fois, la semi-bourgeoisie demi-cultivée et au trois quart sourde vous louera le côté corrosif de la prose de Katerine. "Liberté mon cul" c'est quand même très, mais alors très provocateur, "Téléphone" doit être le procès le plus vitriolé de notre société de consommation, et "Juifs arabes" le plus bel appel à la reprise du processus de paix au proche orient ... mon cul justement, tout ça ressemble à de la littérature digne de celle que j'échangeais sous forme de petit mots avec le peu de potes que j'avais dans ma classe de CP.
Bref à trop vouloir faire le guignol, c'est désormais sûr, le Philippe Katerine que j'aimais est mort et enterré, le dandy aux sous-pull colorés et costards étriqués a passé l'arme à gauche, pour réssuciter sous la forme d'un beauf aux cheveux filasses, à la voix dégueulasse et au style lénifiant.
Pour tout vous dire, même mon clavier en a fait le lapsus, k et l étant si proches.... pour écouter l'album en streaming, j'ai tapé Philippe Laterine... cruel homophone.
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