mercredi 31 janvier 2007

Il était une fois dans Londres...

THE GOOD, THE BAD AND THE QUEEN "THE GOOD THE BAD AND THE QUEEN"

Qu'on a faire ensemble l'ancien chanteur de Blur et tête pensante de Gorillaz (Damon Albarn), l'ex bassiste de The Clash depuis reconverti dans la peinture (Paul Simonon) , l'ex guitariste de The Verve ( Simon Tong ) et un pionnier de l'Afro Beat (Tony Allen) en s'associant à un des producteur le plus malin du moment ( Danger Mouse ) ? Réponse : mettre un baffe à tout le monde.
Et pourtant , le Vieux Barbu sait combien la mission est délicate et que les attentes générées par la formation d'un tel groupe ne mènent en général qu'à une déception plus ou moins grande. A ceci prêt, que cette fois , on a pas à faire à deux trois starlettes du moment qui décident de faire exploser leur compte en banque en se passant du cirage le temps d'une galette et d'une tournée ( non je ne vise pas les Radotteurs euh non ... Raconteurs ... ).

Non, cette fois nous avons à faire à Damon Albarn , seul icône du brit-rock des nineties à avoir , à force de créativité et de perfectionnisme , vieilli plus que correctement.
La patte du bonhomme est très vite reconnaissable des paroles à la musique même, et on se rappelle, si tant est qu'on en avait besoin, qu'Albarn est un songwriter lumineux, catchy mais jamais simpliste. Chaque titre concocté pour cette album porte un sombre élégance qui n'est pas sans rappeler le crépusculaire "Think tank" de Blur, et on tombe titres après titres sous le charme de cette écriture aux tempis modérés, tout en nuances de sons et de styles (popo-dubo-folko-électro-rock .. bref de la musique quoi ! ), dont la finesse ne se laisse parfois clairement apprécier qu'à la seconde ou troisième écoute. Amateurs de hits pré-mâchés , la porte est au fond à droite merci .

Alors certes , avoir de très bons et beaux morceaux, vous me direz ce n'est qu'une partie du chemin de fait . Reste l'éternel et terrible danger du "super groupe" : que les célèbres noms figurant sur la pochette ne soient que des arguments marketing, alors qu'on aurait pu faire jouer tout ça par son facteur ou sa belle-mère , ou même pire , que ça sonne comme si c'était le cas.
Or , et ceci tient peut-être à la réunion de personnes aux horizons musicaux sensiblement différents, sur The Good the Bad and the Queen , la griffe de chaque musicien est à chaque instant palpable et sublime des chansons qui le sont pourtant déjà.
Quel bonheur de retrouver Simonon et sa basse ronflante aux relents dub, qui à elle seule suffit à faire chalouper tout l'album ; quand on pense que ce type fut recruté au sein du Clash pour ça belle gueule et fit les premiers concerts avec du scotch sur les cases du manche de son instrument pour savoir où mettre les doigts, on se dit qu'aujourd'hui peut de dégueuleurs de manche techniquement accomplis seraient capables de jouer les lignes que sa basse tisse avec groove et agilité.
Simonon est un génie , Simonon à la classe, Simonon est un tueur, et j'arrête là ma déclaration d'amour , revenons en à nos moutons .
Simon Tong , pourtant loin du génie chez les gros lourdauds de The Verve, se montre ici sous sont meilleur jour , habillant l'album de ses guitares fantomatiques ( "Soldier's Tale" ) et autres arpèges cradingues ( "History Song" ) qui font découvrir une finesse de jeu dont qu'on ne lui soupçonnait pas .
La batterie de Tony Allen est extrêmement discrète (et n'est d'ailleurs pas présente sur tous les titres ) , et c'est là toute sa force. Pas de poum-poum tchac de base et de break qui casse tout, juste ce qu'il faut de saupoudrage rythmique bien senti et d'accentuation racée ( "Three Changes" ). A 66 balais , le papy nigérian fait preuve d'une terrible lucidité musicale.

Seul petit point noir du tableau, si les mélodies vocales d'Albarn sont toujours aussi entêtantes, sa voix quand à elle est globalement moins bien placée et flirt parfois avec une justesse douteuse. On s'y fait, ça fait partie du charme, mais les oreilles pointilleuses auront un peu de mal.
En clair , un album majestueux, traversé de milles influences, et qui tire le meilleur de chacun des artistes, réunis, on le sent, pour une véritable collaboration.

N'écoutez pas les mauvaises langues , et il y en aura, qui crieront à la déception. Car si The Good, the Bad and the Queen n'a rien ne révolutionnaire, il n'en demeure pas moins une oeuvre habitée, créative et réellement belle et qui frise le chef d'oeuvre.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Alors franchement, j'aurais pas dit mieux dans la descritpion et la critique de l'album. Et le même jour, mon frère, mon amoureux et un ami se sont retrouvés avec ce cd sous le bras à la même caisse. Y a pas de hasard...

Kikibuk a dit…

Et comment je vais faire moi si tout le monde me coupe l'herbe sous le pied !! :)

Kikibuk a dit…

Au fait j'espère qu'ils ont eu la bonne idée de prendre l'édition limitée (un peu chère) avec le DVD qui propose 3 titres en live , un en répèt' et une interview. C'est assez sympa.